La banque ouverte a le potentiel de transformer la relation entre consommateurs et fournisseurs de services, et d’alimenter une puissante vague d’innovation en finance. Mais bien qu’elle révolutionne la finance sur d’autres marchés mondiaux, les progrès sont plus lents au Canada.
Cela pourrait changer bientôt, à la suite d’un rapport publié plus tôt cette année par le Sénat du Canada qui a fait avancer la conversation et exhorté fortement le gouvernement fédéral à mettre rapidement en place des règlements sur la banque ouverte.
Nous nous sommes entretenus avec l’un des architectes de ce rapport, l’entrepreneur chevronné et sénateur indépendant Colin Deacon, pour discuter des mérites de la banque ouverte, de la fin du servage numérique et du changement culturel que les banques doivent opérer pour devenir compétitives à l’échelle mondiale.
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Pas de temps? Ne t’en fais pas! Lisez nos 4 points clés à retenir de la conversation
- C’est quoi l’open banking, au juste?
Beaucoup de Canadiens ne comprennent pas vraiment ce que signifie la banque ouverte. Ce n’est pas une question d’horaires d’ouverture des banques. Il ne s’agit pas non plus de rendre publiques les données financières personnelles. En fait, c’est l’inverse – la banque ouverte signifie une banque dirigée par le client.
- La banque ouverte est déjà là, on devrait en parler
Des millions de Canadiens utilisent déjà des applications et services de technologie financière (fintech) qui nécessitent une connexion à leur compte bancaire, même si le Canada n’a pas encore mis en place un cadre officiel de banque ouverte. Cette demande du marché en pleine croissance, tant des consommateurs que des entreprises, exige une réponse réglementaire tout aussi rapide.
- Perturber ou être perturbé
Les banques canadiennes sont dignes de confiance partout dans le monde. Nos grandes banques peuvent tirer parti de cette réputation pour prospérer sur la scène mondiale. Mais être compétitif à l’échelle mondiale exige une approche différente. Au lieu d’essayer de se protéger contre les perturbations, ils doivent devenir les perturbateurs et travailler avec, et non contre, les fintechs.
- La fin du servage numérique?
Les données des clients canadiens sont analysées, monétisées et échangées par les entreprises 24 heures sur 24. Les banques traditionnelles détiennent le monopole des données financières canadiennes et les géants de la Silicon Valley contrôlent les données d’activité sur Internet. La banque ouverte offre aux Canadiens l’occasion de reprendre la souveraineté sur leurs données et de les réinvestir dans ce qui compte pour eux.
Voici quelques moments forts de notre conversation.
Sur la question de l’image de marque de la banque ouverte
Dominique Samson : Il y a un manque de sensibilisation du grand public à l’égard de la banque ouverte. Pensez-vous que les gens devraient être plus conscients?
Colin Deacon : Il y a un vrai problème de marque ici. Banque ouverte : Dès que je commence à utiliser ce terme, les gens pensent que c’est une question d’heures bancaires ou que toutes leurs données sont publiques. Et ce n’est ni l’un ni l’autre.
Sur le changement culturel que les banques canadiennes doivent opérer
Colin Deacon : Dans le monde des startups, tout tourne autour du problème que vous résoudrez. Ce n’est pas la technologie que vous livrez, mais la solution à un problème que vous résolvez pour quelqu’un. C’est à l’entreprise de trouver ces problèmes, de trouver les personnes qui les ont et de les résoudre de façon fiable. C’est ça, le monde des startups.
Nous n’avons pas cette culture dans notre système bancaire en ce moment. Notre système bancaire est une solution universelle et, pour la plupart, c’est un système qui a un excellent historique de stabilité. Mais autour de nous, le monde se numérise.
Ce changement culturel qui a fait passer nos banques d’une stratégie plus « fossé » – où elles protègent leurs marchés, où elles sont très préoccupées par l’incrémentalisme, où elles ont des structures très hiérarchiques et apportent des changements qui prennent beaucoup de temps – vers une culture plus de start-up, qui est ce qui engendre toute cette innovation disruptive, est un changement culturel vraiment difficile. Je crains qu’ils ne gèrent pas assez vite pour leur propre bénéfice et celui de leurs actionnaires.
« C’est un monde où tu perturbes, ou tu te fais perturber. »
C’est la réalité. Je me fiche de l’industrie dans laquelle tu es, je me fiche de ce que tu fais. Mais c’est la réalité que tu dois gérer. Nos banques, sur le plan culturel, sont encore en mesure d’essayer de se protéger de cette perturbation.
Sur les avantages de la banque ouverte pour les banques traditionnelles
Colin Deacon : Je crois fermement que le passage à la banque numérique peut être un énorme avantage pour les grandes banques canadiennes. Je pense que cela leur permettra de faire partie de très grands écosystèmes globaux, pas nationaux. Et qu’au lieu d’acquérir des banques, elles peuvent développer des partenariats, des filiales et d’autres groupes offrant des services financiers partout dans le monde.
« Le Canada est une marque très fiable, nos banques sont des banques très fiables. Exploitons cela pour devenir le joueur mondial de la banque numérique dans les 20 prochaines années. »
Sur le fait de donner aux consommateurs le contrôle de leurs données, via la banque ouverte et au-delà
Colin Deacon : Une inquiétude que j’ai, c’est que le Canada considère la vie privée, sur le plan législatif, comme un risque à gérer. C’est seulement une question de se protéger du côté négatif.
« Je considère la vie privée et le consentement à l’avenir comme une énorme occasion de permettre aux Canadiens de contrôler leurs données et d’investir leurs données comme un atout. »
C’est ce que la législation sur les droits aux données des consommateurs tente de débloquer en Australie. Il provient de la Commission australienne de la productivité. C’est eux qui ont motivé cette priorité législative vers l’open banking — en regardant comment devenir une économie plus productive.
Nous devons envisager comment donner aux consommateurs plus de contrôle sur leurs données. C’est un élément essentiel pour réussir dans le monde de la technologie financière. Comme les consommateurs peuvent contrôler leurs données et dire « Oui, vous pouvez ces données pour cette période, à ces fins », puis les récupérer — le droit à l’oubli — cela change le modèle d’affaires, la dynamique d’affaires et les services disponibles.
« Cela change toute la relation monétaire entre le consommateur et son fournisseur. »
Maintenant, au lieu de ce monde de servage numérique et d’esclavage numérique dans lequel nous sommes en ce moment, où les banques canadiennes contrôlent essentiellement toutes nos données financières, où Google, Facebook et d’autres contrôlent toute notre activité sur Internet ... Tout ce sentier qui se crée, minute après minute, heure après heure, jour après jour, est contrôlé par d’autres.
Je pense qu’il y a une énorme opportunité pour nous de commencer à bouleverser les grands acteurs mondiaux comme Facebook, Google et d’autres en adoptant une législation qui dit que non, en fait, les Canadiens contrôlent leurs données.
Le fait que les consommateurs contrôlent le flux de données qui découle minute par minute (...) a d’énormes implications pour ouvrir un monde plus démocratique, plus orienté vers le marché et plus innovant à l’avenir.




